Fallait que ça sorte un jour.
C'est tombé aujourd'hui.
Bises à toi
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Des gens
Pour faire vivre la SEITA
Et nous faire mourir du cancer
En toute légalité des publicités
Nous ont fait fumer aussi bien
Des Gauloises que des Gitanes
Voyez-vous ce qu'il y a d'amusant
Onze mois par an tout un peuple
De salariés attend août ou juillet
Rêvant de prendre la route de mettre
Entre parenthèses sa sédentarité
Pour s'échapper et d'aucuns dans des caravanes
Est-ce que ce n'est pas comique
Ces gens-là ont gagné la contrée de France
Dans un jadis datant d'au moins six cents ans
Des hommes séduisants de belles femmes
Vous savez comment les choses se passent
Et voudriez n'avoir rien d'eux dans vos gènes
Cela aussi est plutôt divertissant
Et depuis six siècles au moins
On les dit voleurs de poules et d'enfants
En ce pays les poules abondent fallait leur en offrir
Pour les enfants c'est idiot ils les font eux-mêmes
Mais l'accusation est grave avez-vous des preuves
Autrement il y a vraiment de quoi s'esclaffer
Ce soir c'est fête au bar on danse sur du Django
Sur la plage on se trémousse au son des Gipsy Kings
Dans un restaurant de luxe un violon tzigane
Divinement déchire l'âme d'un gadjo rupin repu
Vous affirmez que les Roms sont pires que des animaux
Je présume que vous voulez rigoler
Avec vos impôts et les miens on fait bâtir
De vastes cirques de béton très laids très onéreux
Pour que d'insupportables supporteurs puissent s'extasier
Autour des héros de la nation jouant sur du gazon à la baballe
Lors y aurait plus un rond pour qui dans la rue a faim a froid
N'y a-t-il pas là de quoi se tordre
En ce berceau des droits de certains hommes
Les lois de l'hospitalité sont sacrées mais sélectives
De son temps déjà le Roi-Soleil un type brillant décréta
Pour les Bohémiens mâles hop les galères à perpète
Pour les femelles c'était plus cool être seulement rasées
Il y a dans notre Histoire matière à se poiler
Vous protestez ils ne veulent pas s'intégrer
Mais s'intégrer à quoi à une société qui les rejette et comment
Vous vous plaignez le spectacle de leur misère vous afflige
Oh mais j'espère bien qu'il ne réjouit personne
Pensez-vous que c'est leur choix de vivre entourés d'ordures
Est-ce que dans un bidonville on se bidonne
Vous objectez ils ne sont pas comme nous
Mais vous non plus n'êtes pas comme eux
Oh voyons enfin ils bouffent nos hérissons
Moi ça me hérisse qu'on se nourrisse de mouton de jambon
Pour autant je n'ai pas une dent contre tous les carnivores
Arrêtez vos conneries j'en ai mal au bide
Vous ne pouvez tolérer qu'ils occupent nos parkings
Serait-ce que nos véhicules importent plus que ces humains
Et voilà qui expliquerait que vous jalousiez leurs grosses voitures
C'est pas joli joli la jalousie enviez-vous aussi leur précarité
L'aventure singulière de se faire déloger d'un camp au lever du soleil
Non évidemment non je dis ça pour vous faire sourire
On est chez nous ah le foutu slogan tautologie pour sédentaires
Mais eux aussi sont chez nous et si nous ne sommes pas tous frères
Peut-être certains sont vos cousins il faudra vérifier votre généalogie
Être chez soi ah la belle notion si vous n'êtes locataires
Et si de votre vie ne franchissez nulle frontière
Nous sommes tous Terriens sérieusement c'est marrant
On entend aussi qu'une nationalité ça se mérite
Du pur hasard qui fait naître ici ou là peut-on éprouver fierté
Regardez-les ces Roms fils de rescapés des camps et du génocide nazi
Certains de leurs parents ont été de la Résistance on en parle peu
Ils ont de la religion mais n'emmerdent personne avec ça
Jamais un des leurs ne fut terroriste c'est drôle
Si j'étais monte-en-l'air je n'opérerais que dans les quartiers
Où ils sont peinard je serais le coupable mais eux les suspects
Tant il se dit que leur détresse est trop voyante pour être honnête
Oh je ne prétends pas qu'ils ne commettent pas de larcins
Mais vous que feriez-vous si vos enfants et vous-mêmes creviez de faim
Simple question de survie quand la situation est par trop impayable
Bien malgré eux ils vous terrifient et depuis votre tendre enfance
C'est qu'on vous ressasse à leur sujet les pires rumeurs
Faut-il boire toutes les paroles de votre grand-mère des journalistes
Des politiciens pour qui les Roms sont de parfaits boucs émissaires
Vous craignez qu'ils vous cambriolent eh bien ouvrez-leur votre porte
Ils feront des amis plus fiables que votre banquier ah j'en pouffe
Argumentant mentant encore me dites que je ne les voudrais en mon quartier
Ah mais si si à supposer que je le puisse j'échangerais volontiers
Mon voisin du dessus un cas contre toute une famille de ces citoyens
S'ils veulent bien être logés dans des murs lors ce serait soulagement
De les entendre vivre là-haut où pour l'heure l'autre s'étouffe dans sa haine
Ou bien donnons-leur l'inutile pelouse où chient vos chiens j'en rêve j'en ris
Courez vers eux les bras ouverts non ne courez pas vous allez les effrayer
Ils n'ont pas l'habitude qu'on se montre autrement que rude envers eux
Prenez peut-être le temps de regarder un film de Tony Gatlif non c'est pas chiant
Révisez peut-être votre catéchisme quel qu'il soit redevenez adolescent
Enfin rappelez-vous vos beaux principes aimez-vous les uns les autres
Prolétaires tous unis peace and love et courez vers eux mais lentement et joyeux
Parlez-leur rencontrer des gens du voyage vaut bien des voyages
Ils ne sont pas si exotiques ce ne sont que des Européens mais quand même
Ils sont différents et c'est ce qui vous inquiète cependant telle est notre nation
Toute de contrastes comparez voir un Breton et un Corse un Basque et un Alsacien
Un fils de Hongrois président ou pas et un Guyanais issu d'esclaves africains
Ou deux frères l'un juge et chauve l'autre roux et clodo ça déride non
Ah mais ces différences-là vous indifférent les Roms c'est une invasion
On les compte par dizaines de milliers vous et moi par dizaines de millions
Songez que s'ils étaient des envahisseurs depuis le temps ça se saurait
Attendez que les réfugiés climatiques débarquent innombrables par chez nous
Ce qui ne devrait trop tarder vous verrez alors ce qu'est une invasion
À foison de nouveaux moutons noirs brouteront dans vos fantasmes cocasses
On ne peut pas accueillir toute la misère du monde et la vôtre serait prioritaire
Ils seraient nos parasites mais assurément moins que nos gros actionnaires
Sait-on qui sont les vrais ennemis dans un Occident où l'argent est de tous le maître
Est-il légitime que soient condamnées ces victimes parce qu'elles sont victimes
Irai-je jusqu'à suggérer qu'à les pouvoir contempler tellement plus que vous démunies
Si vraiment vous jugez que tout doit être compétition lors il y a de quoi vous réjouir
Ah qu'on ne se méprenne je ne me sens aucunement fondé à faire la morale
Mais je pleure quand un maire fait déverser contre leurs abris déglingués
Des tombereaux de boue comme ou parce que ses électeurs dégoulinent de la haine
Dont ils ont ce bonheur qu'il ne leur en soit retourné autant qu'ils en donnent
Il se dit que leurs bivouacs ne font pas très joli dans le paysage
Ça ne me regarde mais regarder ailleurs serait parade distrayante
Je ne souhaite pas qu'on résolve leurs plus pressants problèmes
Je désire ardemment qu'on le fasse et ça ne coûtera pas cher
La voix du sang la loi du sol n'existent que dans vos têtes
C'est un grand malheur parce qu'il est évitable
C'est une grande honte parce que nous en sommes responsables
Les Bohémiens c'est tout un poème
Pierre-René

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